Au rêve, Roland Barthes préférait le fantasme. Bien avant Comment vivre ensemble, un fantasme grec et méditerranéen l’a poussé dès 1936 à mettre en scène et à jouer Les Perses d’Eschyle à Paris et à Athènes. Très tôt, Barthes a uni sa passion pour la musique et son goût pour les auteurs anciens, pour Nietzsche, pour Gide, dans une pratique du théâtre originale. Dès lors, et pendant plus de quarante ans, il se tournera vers Platon, Aristote, Eschyle, Sophocle, Pyrrhon, vers Bach, Beethoven, Schumann, Webern, Cage, pour critiquer radicalement la civilisation « gréco-occidentale » au nom de la modernité. De la philologie à la thématique, de l’histoire marxiste de la musique à la sémiologie structurale, de l’ancienne rhétorique à la théorie du Texte, il ne cessera d’aspirer à une subversion de la littérature et de la société sans jamais oublier ni la Grèce ni la musique. À partir d’essais célèbres et de textes inédits ou méconnus jusqu’à présent, le présent ouvrage montre comment Barthes a attribué une place centrale à la Grèce et à la musique dans la contestation des stéréotypes, de l’héritage classique et de la Doxa, afin de produire une nouvelle expérience esthétique, sans trahir la visée éthique qui lui était propre : la quête de la Coïncidence.