Goethe écrivain plurilingue ? Posée de cette manière, la question semble saugrenue. Or, Goethe s’identifie-t-il pour autant au paradigme monolingue que l’on associe si couramment à la notion de poète national ? Sa pratique de multiples langues, dépassant de loin le seul paradigme de la traduction, ne suggère-t-elle pas plutôt l’existence d’un imaginaire plurilingue, dont on peut retrouver la trace jusque dans son écriture ? Que ce soient les poèmes en langues étrangères de sa jeunesse, le français parlé par ses personnages de roman, les langues orientales introduites dans son Divan occidental-oriental, Hélène de Sparte apprenant une nouvelle langue dans le Second Faust ou encore Mignon chantant dans une langue inconnue la nostalgie des fameux « citronniers en fleurs », nombreux sont ses textes à convoquer d’autres langues que l’allemand. En parcourant la vie et l’œuvre du plus illustre des écrivains allemands, cet essai entend démontrer que Goethe et plurilinguisme sont deux termes beaucoup moins éloignés l’un de l’autre que l’on pourrait le croire de prime abord.