Qu’en est-il de la « philosophie de l’intérêt » dans l’histoire du matérialisme du XVIIIe siècle ? En prenant l’intérêt depuis son déploiement anthropologique chez Helvétius et Diderot, ce livre apporte les éléments pour une révision de l’histoire moderne de la philosophie.
On suivra le fil conducteur qui définit la science de l’homme comme le domaine des lois de l’intérêt, c’est-à-dire ce qui, chez Condillac, présidait à la genèse des opérations mentales : un mouvement propre à l’homme ordonné par la recherche du plaisir et la fuite de la douleur. La science de l’homme comme être intéressé se déploie en une théorie de la connaissance comme intérêt, une analyse des passions comme affects socialisés, et une politique de l’utilité dont la visée est l’émancipation.
Cet ouvrage fait apparaître un matérialisme éclairé, ancrant la dynamique d’émancipation dans le corps sensible et laborieux, sans l’y fonder ; relevant d’une appréhension de l’expérience et de la pratique humaines, mais non de la substance ou de la production. Philosophie non utilitariste de l’intérêt, elle appréhende l’humain par tout ce à quoi il prend part et par quoi il est pris, y compris son aspiration à l’émancipation. Le sujet qui juge y est un corps sensible engagé dans l’histoire, cogito particeps, chez qui l’entendement n’est pas la mesure de la vie mais une de ses ressources.
Sophie Audidière est Maîtresse de conférences à l’Université de Bourgogne-Franche-Comté et membre du laboratoire Logiques de l’agir.
Pagination | 478 |
Collection | Les dix-huitièmes siècles, n° 216 (ISSN 1259-4482) |
Langue(s) | Français |
Format | |
ISBN (version imprimée) | 9782745356741 |