La question du collectif apparaît depuis quelques années comme une réalité polymorphe particulièrement prégnante et se trouve investie de significations inédites, pointant ainsi une mutation civilisationnelle forte. Rassemblements populaires, mondialisation, réseaux numériques, communautés, pratiques collaboratives, participatives ou solidaires : autant de manières d’habiter le monde contemporain, autant de signaux que le terme de « collectif » accueille, qui désignent et forment la matière du réel immédiat et nourrissent un imaginaire de l’interdépendance, du réseau et de la relation. L’enjeu de cet essai est d’examiner dans quelle mesure la littérature contemporaine accueille cette sensibilité nouvelle au collectif. Comment le roman français contemporain la réfléchit-il avec les moyens littéraires qui sont les siens ? Se dessine-t-il dans la production contemporaine une poétique romanesque du collectif ? Ces questionnements sont examinés à partir d’un corpus de récits récents qui associe des écrivains volontairement divers, dont Maylis de Kerangal, Laurent Mauvignier, Yannick Haenel, Annie Ernaux, mais aussi François Taillandier, Virginie Despentes, Aurélien Bellanger, Éric Reinhardt, ou encore Pierre Ducrozet et Charles Robinson.