La neige, le Gévaudan, ses forêts où rôde le souvenir de la bête, une France encore rurale, où subsistent quelques paysans, leurs familles, leurs cueillettes et leurs vaches : le Cahier vert nous plonge au cœur de la Lozère, entre 1973 et 1978, sur le terrain d’un jeune ethnologue. Des années d’initiation pour Martin de la Soudière où se repèrent les germes d’une recherche et d’une œuvre sensible, foisonnante et polytonale. Document riche d’enseignements et de témoignages, ce journal échappe au genre « ethnologique ». Il n’est pas de ces récits réécrits et enjolivés au retour du terrain, au calme, mais un carnet intranquille et sous-terrain, un lieu de tâtonnement et de réflexions scientifique et littéraire. Dans la veine du Journal de Bronisław Malinowski, s’y expriment non seulement les meilleurs côtés de la découverte de l’Autre, mais aussi les souffrances et les vexations d’une enquête quotidienne.